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Éclairage urbain au Maroc : Défis de la vétusté des équipements et stratégies de modernisation

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L’enjeu majeur de l’éclairage urbain au Maroc : au-delà de l’efficacité énergétique

L’éclairage urbain est souvent perçu sous l’angle de la consommation énergétique, de l’esthétique urbaine, de la sécurité ou encore de l’impact environnemental. Pourtant, une réalité cruciale émerge lorsque l’on s’intéresse aux infrastructures : la vétusté des équipements constitue un défi majeur pour toute modernisation.

La vétusté des équipements : un obstacle sous-estimé 

En 2018, nous avons entrepris la mise en place d’un contrat de performance énergétique (CPE) dans une ville marocaine, basé sur un financement par les économies d’énergie. Rapidement, nous avons été confrontés à une contrainte inattendue : l’état critique du réseau d’éclairage urbain.

Un diagnostic initial a confirmé des déficits d’éclairement, attendus dans le cadre du relamping LED. Cependant, l’état des câbles électriques, des armoires de commande et des supports s’est révélé être un frein majeur à la viabilité du projet.

Un modèle économique remis en question

Changer un luminaire est une action relativement simple, amortissable en moins d’un an. Toutefois, le remplacement des équipements vétustes (câbles souterrains, candélabres, armoires) alourdit considérablement les investissements. Comment assurer la rentabilité d’un CPE lorsque la modernisation du réseau dépasse largement les seules économies d’énergie ?

Notre simulation technico-économique a révélé que le coût de suppression de la vétusté excédait largement les capacités financières de la ville, tout en étant incompatible avec le business model classique d’un CPE.

Un exemple frappant : l’impact des câbles souterrains

L’un des éléments les plus critiques du diagnostic concernait l’état des câbles souterrains. Leur remplacement, incluant les travaux de génie civil, soit un budget colossal qui rendait tout investissement immédiat irréalisable.

Face à cette impasse, plusieurs options ont été envisagées :

  • L’abandon du projet sous forme de CPE, au profit d’un modèle de gestion classique,
  • Une priorisation des investissements pour allier efficacité énergétique et modernisation du réseau,
  • Une approche progressive pour lisser les coûts tout en garantissant une amélioration significative de l’éclairage urbain.

Définir et maîtriser la vétusté pour une stratégie durable

L’absence de définition normalisée de la vétusté des infrastructures d’éclairage urbain a nécessité l’élaboration d’un cadre spécifique. Nous avons ainsi classifié la vétusté en deux catégories :

1. Vétusté liée à l’usage

  • Facteurs environnementaux (humidité, corrosion),
  • Dégradations mécaniques, actes de vandalisme,
  • Maintenance insuffisante ou inadéquate.

2. Vétusté liée à l’âge

  • Candélabres en tôle noire : 20 ans
  • Candélabres en fonte d’aluminium : 30 ans
  • Candélabres en acier galvanisé : 30 ans
  • Luminaires : 20 ans
  • Armoires de commande : 20 ans
  • Câbles souterrains : 25 ans
  • Câbles aériens : 20 ans

Un modèle contractuel pour limiter l’impact de la vétusté

Afin d’assurer la durabilité du réseau, nous avons fixé un objectif de taux de vétusté maximal à 8 % à la fin de la phase de remise à niveau. Ce seuil permet :

  • Une suppression progressive des équipements obsolètes,
  • Un maintien de la performance énergétique et sécuritaire sur toute la durée du contrat.

Pour atteindre cet équilibre, nous avons mis en place une formule de pondération du taux de vétusté intégrant plusieurs variables :

Cette approche permet d’adapter la stratégie en fonction des spécificités locales, garantissant ainsi une modernisation efficace et pérenne du réseau d’éclairage urbain au Maroc.

Conclusion

Les projets d’éclairage urbain ne peuvent plus se limiter à la seule amélioration de l’efficacité énergétique. La vétusté du réseau est un défi de premier ordre qui doit être intégré aux stratégies de modernisation. En adoptant une approche hybride combinant rénovation progressive et performance énergétique, il est possible d’assurer un éclairage urbain durable, sécurisé et économiquement viable pour les villes marocaines.