L’éclairage urbain est souvent perçu sous l’angle de la consommation énergétique, de l’esthétique urbaine, de la sécurité ou encore de l’impact environnemental. Pourtant, une réalité cruciale émerge lorsque l’on s’intéresse aux infrastructures : la vétusté des équipements constitue un défi majeur pour toute modernisation.
En 2018, nous avons entrepris la mise en place d’un contrat de performance énergétique (CPE) dans une ville marocaine, basé sur un financement par les économies d’énergie. Rapidement, nous avons été confrontés à une contrainte inattendue : l’état critique du réseau d’éclairage urbain.
Un diagnostic initial a confirmé des déficits d’éclairement, attendus dans le cadre du relamping LED. Cependant, l’état des câbles électriques, des armoires de commande et des supports s’est révélé être un frein majeur à la viabilité du projet.
Changer un luminaire est une action relativement simple, amortissable en moins d’un an. Toutefois, le remplacement des équipements vétustes (câbles souterrains, candélabres, armoires) alourdit considérablement les investissements. Comment assurer la rentabilité d’un CPE lorsque la modernisation du réseau dépasse largement les seules économies d’énergie ?
Notre simulation technico-économique a révélé que le coût de suppression de la vétusté excédait largement les capacités financières de la ville, tout en étant incompatible avec le business model classique d’un CPE.
L’un des éléments les plus critiques du diagnostic concernait l’état des câbles souterrains. Leur remplacement, incluant les travaux de génie civil, soit un budget colossal qui rendait tout investissement immédiat irréalisable.
Face à cette impasse, plusieurs options ont été envisagées :
L’absence de définition normalisée de la vétusté des infrastructures d’éclairage urbain a nécessité l’élaboration d’un cadre spécifique. Nous avons ainsi classifié la vétusté en deux catégories :
Afin d’assurer la durabilité du réseau, nous avons fixé un objectif de taux de vétusté maximal à 8 % à la fin de la phase de remise à niveau. Ce seuil permet :
Pour atteindre cet équilibre, nous avons mis en place une formule de pondération du taux de vétusté intégrant plusieurs variables :
Cette approche permet d’adapter la stratégie en fonction des spécificités locales, garantissant ainsi une modernisation efficace et pérenne du réseau d’éclairage urbain au Maroc.
Les projets d’éclairage urbain ne peuvent plus se limiter à la seule amélioration de l’efficacité énergétique. La vétusté du réseau est un défi de premier ordre qui doit être intégré aux stratégies de modernisation. En adoptant une approche hybride combinant rénovation progressive et performance énergétique, il est possible d’assurer un éclairage urbain durable, sécurisé et économiquement viable pour les villes marocaines.